Pour la trentième commémoration en 2024, Bruce Clarke et le Collectif pour les Hommes debout s’associent à Dida Nibagwire, Directrice de L’ESPACE +, une institution culturelle à Kigali, pour revisiter le concept des Hommes debout en mettant en lumière les femmes comme nouvel universel et en collaborant avec d’autres artistes, danseurs, musiciens, poètes. En 2024, les Hommes debout deviennent Abantu Bahagaze Bemye, Les Femmes debout.
Depuis le vingtième siècle, et au contraire des guerres précédentes, les civils sont devenus les victimes principales dans les conflits armés. Au Rwanda, les femmes, au-delà de leur statut de civiles, ont subi un acharnement sadique en raison de leur genre. Le génocide n’a fait qu’exacerber les inégalités entre les femmes et les hommes.
Durant cette période, les femmes ont été victimes de violences physiques, sexuelles et mentales. Le viol a touché entre 300 000 et 500 000 femmes et plus de 66 % d’entre elles ont ensuite été testées positives au VIH. C’est le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui a prononcé la première condamnation pour l’utilisation du viol comme arme de guerre dans le génocide contre les Tutsi. L’utilisation de la violence massive contre les femmes tutsies visait en effet à annihiler le groupe ethnique dans son ensemble en s’en prenant à la source de la vie. Si les femmes furent des victimes particulièrement touchées par la politique génocidaire, elles se révélèrent des actrices essentielles de la reconstruction et de la transmission de la mémoire post-genocide.
A la fin du génocide, les femmes représentaient 70 % de la population survivante. C’est alors le début d’un long processus de résilience, de réconciliation et de reconstruction nationale dans lequel les femmes, grâce à leur volonté et détermination, vont jouer un rôle prépondérant. Seules à la tête de leur famille, les femmes se sont mobilisées dans des associations pour s’entraider, adopter des orphelin·e·s ou encore réhabiliter les réfugié·e·s.
Au coeur de la société rwandaise, les femmes “debout” résistent à toute forme de déshumanisation, elles (re)tissent dans la dignité les liens perdus, elles sont les fers-de-lance du relèvement du pays, notamment en créant l’association des veuves du génocide d’avril (AVEGA) ainsi que les médiatrices de la mémoire qui se transmet aux générations futures. Voilà pourquoi en 2024 la lumière est mise sur les Femmes debout.